Laurent MAero Auteur

Tome 1
Préface
Avertissement !
Du fait de l’emploi de termes parfois crus évoquant des actes sexuels, ce livre est déconseillé au moins de 16 ans.
Précision : Ce qui motive cet avertissement n’est nullement le caractère homosexuel de ces actes, mais simplement leur réalisme sexuel, pouvant choquer un certain lectorat.
Cependant, afin d’éviter toutes formes d’hypocrisie relatives à la majorité sexuelle des adolescents, il m’a semblé cohérent de ne pas avertir les lecteurs de 16 à 18 ans. Cela étant, ceux-ci étant aussi mineurs, il appartiendra à leurs responsables légaux d’en juger.
Arôme naturel est le dernier volet d’une trilogie autobiographique dont les volumes précédents sont Voyage au sud de ma vie (publié en 2021) et Causeries vagabondes (publié en 2022).
Genèse du titre et du sous-titre
Au-delà des saveurs, du goût et de la sensualité toute nue inhérents au titre du livre, les plus sagaces (et non pas salaces !) d’entre vous, auront noté la parfaite anagramme de mon nom Maero = Arôme et de mon prénom Laurent = naturel.
Le sous-titre de l’ouvrage, quant à lui : Mémoire homosexuelles, était en balance avec Aventures homosexuelles. Or, ‶aventuresʺ (au pluriel, de surcroît) ne restituait qu’une partie du propos, recouvrant une connotation trop légère, superficielle, inconsciente et échevelée.
‶Mémoiresʺ affiche plus de neutralité dans l’évocation des souvenirs, voire une idée de profondeur et de gravité. Les mémoires pèsent plus que les aventures. Le côté frivole d’une aventure tient davantage de l’oralité que de l’écrit, tandis que le sérieux des Mémoires... Verba volant, scripta manent !
Les expériences homosexuelles
Évidemment, les histoires évoquées ici sont, majoritairement des relations sexuelles entre hommes, mais vous lirez aussi de belles histoires sentimentales et amoureuses entre garçons. En tout, une vingtaine de portraits, dans ce premier tome, une cinquantaine d’histoires en totalité.
En choisissant d’intégrer à l’ouvrage des documents d’archives personnels, l’’auteur prend le parti de l’authenticité et du réalisme, au risque de choquer les plus sages ou les plus prudes d’entre vous. C’est ainsi que vous pourrez lire des conversations SMS, des échanges de mails et la transcription de chats issus de sites de rencontres gays.
Toutefois, l’écriture réaliste ayant ses limites, de larges pages de littérature ainsi qu’un peu de poésie vous seront propo-sées, avec toujours le respect de la vérité, ce livre n’étant pas un roman mais des Mémoires fidèles autant que possible aux histoires vécues. Parallèlement à cela, vous trouverez de nombreuses réflexions sur les rapports entre hommes et notamment sur l’accomplissement de l’acte sexuel.
L’autre sujet du livre
Cela dit, l’autre sujet de ce livre, au-delà des aventures homosexuelles, réside dans le cheminement d’un homme qui évoluera vers la marge en découvrant une autre sexualité, détruisant ainsi le paradis sécurisant de sa vie d’avant.
Une vie d’homme marié, père de famille, propriétaire, bien intégré dans la société en tant qu’enseignant hétérosexuel qui passera par la séparation, le divorce, la vente de sa maison, le ras le bol de son métier et la détérioration de sa relation père-enfant, jusqu’alors prioritaire à ses yeux.
La recherche de soi induit souvent le développement personnel au détriment du collectif. Dans cette histoire, la quête de la quéquette a bouleversé la cellule familiale qui a fini par exploser. La découverte du corps de son alter ego est allée de pair avec l’oubli dans les bras masculins de la perte de sa propre famille, de son tendre foyer. Pour survivre à cette perte inouïe, il fallut se consacrer à soi, penser à son cul pour sauver sa peau. La garde alternée fut un choc émotionnel considérable et, bien que cherchant à maintenir un équilibre entre sa paternité et l’expérience de sa nouvelle sexualité, une armée de petits rois damait le pion à la petite princesse.
Qu’y a-t-il gagné, qu’y a-t-il perdu dans ce changement de vie ? Indéniablement, un épanouissement sexuel, mais aussi une introspection salutaire ainsi que l’avènement d’une harmonie autant intérieure qu’extérieure.
En bousculant une vie bien tracée, en foulant aux pieds des codes établis pour vivre en iconoclaste assumé et prosélyte, cet homme a conquis sa liberté.
Outre une nouvelle orientation sexuelle, vous découvrirez pas à pas l’évolution du narrateur vers une libération sociale et professionnelle, en partageant ses errances, ses tourments, ses élans romantiques parfois à l’eau de rose et ses conquêtes.
Homosexualité et société
Dans une société où prévalent les normes et la bienséance, il a finalement bifurqué vers des chemins plus abruptes, exposés à la haine, au rejet et au mépris (avanies que d’autres gays vivent au quotidien, mais qu’il a eu la chance de ne jamais souffrir). Faisant fi du regard des autres, suivant ses besoins et ses instincts, il partage aujourd’hui avec vous, au grand jour, cette vie d’homme si commune à d’autres existences, dans ses désordres et dans ses doutes, dans ses recherches et ses découvertes.
Il se peut que ses réflexions, ses expériences ou mêmes ses rencontres résonnent avec votre propre vie ou bien avec celle d’un parent ou d’un ami, car somme toute, nous appartenons tous à la même espèce d’homo (sapiens)
Message à la communauté homosexuelle
Cet ouvrage pourrait aussi se lire comme un catalogue (je parle d’ailleurs du ‶Catalogue de Don Juanʺ), énumérant portraits de garçons homosexuels, relations et conquêtes, états d’âmes et prouesses. Un catalogue ou figureraient des garçons en détresse, des vies cabossées, des lions magnifiques, des gazelles ostentatoires, des biches apeurées, ou encore des mâles invétérés.
En brossant le portrait de tous ces hommes qui ont croisé mon chemin, je n’ai pas cherché à être lisse ou consensuel, je n’ai pas plus cherché à être provocateur ni outrageant. Toutefois, en critiquant des manières d’être et des physiques qui ne me convenaient pas, en pointant du doigt des différences qui me dérangeaient, en tant qu’homme au milieu du gué (et non pas ‶du gayʺ je vous vois venir…) on pourrait m’objecter que je stigmatise ici la communauté homosexuelle, en pointant ses travers, que je tourne en ridicule les plus efféminés, que je moque les plus fragiles. Je me suis souvent poser cette question, en relisant mes textes et mes réflexions.
J’espère néanmoins ne blesser personne. Ces écrits recèlent essentiellement des ressentis qui me sont propres et avec lesquels je n’ai pas voulu tricher.
Quoiqu’il en soit, beaux lions et belles gazelles, je vous respecte et je vous aime tous tels que vous êtes, avec vos forces et vos faiblesses, avec vos peurs ou votre arrogance et j’espère de tout mon cœur que ce livre pourra soigner les homophobes et éclairer tout un chacun sur une sexualité pratiquée depuis la nuit des temps.
Message à la communauté hétérosexuelle
Vous trouverez ici certaines pratiques sexuelles identiques aux vôtres. Idem pour les portraits psychologiques des garçons présents dans Arôme naturel, on retrouve les mêmes chez les hétérosexuels. La sexualité ne conditionne pas le caractère d’une personne. Il n’existe pas plus de norme caractérielle que de norme sexuelle. Nous composons tous avec nos notre lumière et nos ténèbres, voilà pourquoi j’appelle à la tolérance, au respect et à l’égalité entre les êtres. Les réactions, les sentiments et les émotions de l’auteur envers ses semblables vous sont livrés sans filtres.
L’honnêteté du récit à un prix. Il eût été si simple de gommer ses maladresses et ses erreurs de jugements pour apparaître parfait et convenu, ne montrant qu’une âme claire et pure !
Extrait
Michel
-Lundi 27 aout 2012-
Pendant ces quelques années d’intense découverte homosexuelle, je ne fus pas exclusivement consommateur de minets, loin s’en faut… Je me revois dans l’appartement d’un homme de 40 ans, dans une HLM à Manosque, à des années lumières des divas, des originaux marginaux métrosexuels, des folles tordues et autres beautés juvéniles que j’avais pu croiser, jusqu’alors, sur mon chemin. Lui, c’était Michel, un ouvrier au chômage, en marcel blanc, ni musclé, ni ventripotent, ni beau, ni laid, avec une attitude gauche et une coiffure un peu vieillotte, le poids de l’ordinaire et du dénue-ment pesant sur ses épaules.
Une déco un peu beauf, un cendrier sur la table basse où s’entassaient les mégots du désœuvrement. Je me tenais assis, à ses côtés, sur son canapé en tissu. Autour de nous des murs blancs reflétant une atmosphère d’hôpital, mais pas vraiment hospitalière. Une ambiance terne, neutre, dépourvue de personnalité. Aucun livre, aucun tableau…rien qui ne rappelât l’existence de l’art dans cet appartement modeste d’un homme ordinaire.
Le portrait type d’un mec banal, en sueur dans son marcel, dans la chaleur étouffante d’une après-midi d’été, qui cher-chait à tirer sa crampe en ouvrant sa porte aux aventures masculines.
Il avait tous les attributs d’un hétéro, mon Michel, il ne lui manquait plus que les bières, à coup sûr couchées sur une clayette du frigo, ronronnant dans la cuisine. Cet homme incarnait tranquillement cette beaufitude crasse dont se plai-gnent souvent les femmes prisonnières d’une vie de couple sans paillettes et sans surprises, désertée, au fil du temps, par le raffinement, la culture et l’insolite.
Michel était très poli, peu entreprenant et assez introverti.
J’avais du mal à ressentir du désir et de l’excitation face à ce gars qui suait la banalité d’une existence grise.
Quelques mots échangés, des effleurements de circonstances et puis la bite à l’air jaillie hors du slip kangourou. Le reste se passe de commentaire, car on ne parle pas la bouche pleine.
À sperme déchargé, nous nous quittâmes sans grandes effusions.
Je me demande encore à quoi bon avoir vécu ce moment ?